Le Manoir de Clairefontaine provient de la transformation en manoir de plaisance au début du XVème siècle d’une ancienne grange viticole des XIIIème et XIVème siècles, avec chapelle du dernier tiers du XIIème siècle, dépendant de l’Abbaye cistercienne Notre Dame du Loroux située à Vernantes (49)
1121 Fondation de l’abbaye Notre-Dame du Loroux
A son retour de Jérusalem, Foulque V, comte d’Anjou d’une grande piété, et son épouse, Edemburg du Maine, ont la volonté de fonder une abbaye. Avec le concours de l’Evêque d’Angers Renaud III de Martigné, ils se tournent vers Etienne Harding, l’abbé de l’abbaye Cistercienne de Citeaux.
Sixième fille de l’abbaye mère de Citeaux, Notre-Dame du Loroux fut la première implantation d’une abbaye cistercienne en Anjou et dans le grand-Ouest.
Le choix de l’implantation de l’abbaye sur la Commune de Vernantes (49), dans la vallée du lathan, bien qu’à proximité du vieux Mouliherne, mais dans une région peu habitée en bordure de la forêt de Monnaie appartenant au Comte d’Anjou, relève de la plus pure tradition cistercienne.
Bénéficiant dès sa fondation de nombreuses dotations, Notre Dame du Loroux devint au cours des XIIème et XIIIème siècles propriétaire d’un temporel considérable.
Aucun texte connu ne fait état de la construction d’une grange à Clairefontaine, ni de la date exacte à laquelle les moines se sont trouvés propriétaires du foncier. En 1170, ils en étaient propriétaires. En 1189, ils y avaient un cellarium, ce qui est confirmé en 1223, date à laquelle ils possédaient au moins neuf granges, douze celliers, deux pressoirs, huit maisons etc, dont Clairefontaine.
Seules, les recherches archéologiques entreprises lors de la rénovation de Clairefontaine ont permis de dater les plus vieux bâtiments de la fin du XIIème siècle.
Clairefontaine était une grange (Unité de production, dirait on, aujourd’hui) spécialisée dans la viticulture. Nichée dans un petit vallon et entourée de collines très bien exposées, elle devait être le centre d’un domaine viticole considérable bénéficiant de sources et d’un pressoir. Au moyen-âge, on y pressait le vin à plusieurs kilomètres à la ronde.
1121-1300 La grange viticole de Clairefontaine est exploitée en faire valoir direct par les Moines de l’abbaye
Les Moines du Loroux exploitent en faire-valoir direct par l’intermédiaire de leurs moines convers la grange viticole.
C’est l’âge d’or de l’Abbaye. Les dons affluent de toute part jusqu’au milieu du XIIIème siècle et le patrimoine temporel devient considérable. Les moines cisterciens sont à la pointe du progrès, notamment dans l’utilisation de l’hydraulique pour leurs forges et leurs moulins. La main d’œuvre monastique y est bon marché et travailleuse. Les granges produisent beaucoup plus que les besoins de consommation de l’Abbaye et les surplus de denrées sont revendus sur les marchés régionaux.
1400 Déclin de l’ordre cistercien
Le monachisme cistercien n’est plus un ordre à la mode. Les vocations déclinent. L’abbaye du Loroux, n’ayant plus assez de moines convers pour exploiter directement ses granges et celliers, se trouve fragilisée économiquement et est dans l’obligation d’arrenter ses domaines agricoles et viticoles.
Vers 1400 La création du manoir de Clairefontaine
Sans doute est-ce un de ces petits seigneurs, locataire des moines, (de la Noue de Baugé ?), qui transformera plus tard, au début du XVème siècle, la grange en manoir en modifiant sa structure intérieure et en perçant les ouvertures à meneaux.
Toutefois, peu de temps après, les bâtiments retourneront à un usage viticole qu’ils conserveront jusqu’en 1954, date où les dernières vignes furent arrachées, cédant la place à la polyculture et à l’élevage jusqu’au début des années 1990 quand le dernier exploitant décidera de quitter ces terres ingrates.
1793 Vente du Manoir de Clairefontaine comme bien national
La Révolution bouleverse le droit de propriété des biens du clergé. Les deux derniers moines sont chassés de l’abbaye et le patrimoine temporel confisqué. Clairefontaine est alors vendu comme bien national à une famille bourgeoise de Baugé pour une somme considérable à l’époque. Il est vrai que la grange de Clairefontaine représentait à elle seule plus de la moitié des revenus de l’abbaye.
Pendant 672 ans, Clairefontaine sera demeuré la propriété des Moines de l’Abbaye Notre-Dame du Loroux.
Ce nouveau propriétaire s’acquittera à terme de son achat payable en assignats, monnaie révolutionnaire dont le cours, comme chacun le sait, dévaluait chaque jour, et Clairefontaine restera loué en exploitation agricole par cette famille jusqu’en 1991 où la propriété sera vendue par la dernière héritière à un couple qui renoncera rapidement à en faire effectuer la rénovation.
1993 Rénovation du Manoir de Clairefontaine
La famille actuelle devient propriétaire du manoir et entreprend avec le concours des Monuments Historiques sa restauration qui sera achevée fin 2008.
1994-2016 Création du parc et des jardins du Manoir de Clairefontaine
Parallèlement à la rénovation du manoir, ont lieu des travaux de transformation des terres agricoles en parc ornemental avec le creusement d’étangs, la plantation de milliers d’arbres d’ornement et la création de plusieurs jardins (jardins anglais, jardin de plantes médicinales, potager…)
Aujourd’hui, Clairefontaine est un délicieux petit manoir de plaisance médiéval, totalement rénové, habité toute l’année, meublé en mobilier principalement du XVème au XVIIème siècles, entouré d’un parc paysagé de 50 hectares où vivent de nombreux animaux domestiques (ânes, poneys, lamas, une chèvre naine et un mouton d’Ouessant, seuls survivants de leur troupeau à la canicule) et planté de plusieurs milliers de plantes vivaces, graminées, hortensias, rhododendrons et rosiers. Une féerie de couleurs en toutes saisons.
Situé à proximité immédiate de la forêt domaniale de Chandelais et bénéficiant de quatre étangs alimentés par des sources, le domaine abrite également de nombreux animaux sauvages et quantité d’oiseaux et volatiles.
Le Manoir de Clairefontaine est classé parmi les Monuments Historiques Français depuis 1984.